Hommage à Elisabeth Carecchio

Elisabeth Carecchio, photographe, nous a quittés. C’était une grande artiste. Partenaire et complice de la création depuis près de quarante ans, elle savait en capturer l’éphémère et l’éternité.
Dans son regard se révélaient la beauté secrète des acteurs, la fugacité du mouvement, la précision d’une intention, l’élan vital qui les traversait.
Elle savait épouser, prolonger, magnifier le travail des metteurs en scène, des scénographes, des éclairagistes auprès desquels elle travaillait. Son regard illuminait nos œuvres.
Elle va tellement nous manquer.
Son amicalité rieuse, sa bienveillance, son sens si aigu de la liberté, son immense culture, son indépendance d’esprit, sa finesse et son intelligence nous font cruellement défaut.
L’équipe du Centre dramatique, dont elle a accompagné toutes les créations depuis 2013, pleure une précieuse collaboratrice et s’associe à la douleur de ses proches.
COMMUNIQUÉ / BIOGRAPHIE :
Nous apprenons avec une infinie tristesse la disparition de la photographe de théâtre Elisabeth Carecchio. Si la mort a eu raison de son inébranlable pulsion de vie, elle laisse, au-delà de nos souvenirs, les images des spectacles qu’elle accompagnait tout autant qu’elle les photographiait. Elle a participé aux aventures artistiques de nombreux metteurs et metteuses en scène, dans la durée et la fidélité. Présente autant que possible dès le début du travail de répétitions, elle saisissait l’entièreté des spectacles, relatait par l’image leur processus, restituait leur esprit, leur construction scénique au delà de la seule émotion produite par les visages et les corps des acteurs.
Depuis 1988, elle a ainsi photographié les spectacles de figures majeures de la scène artistique française, Bruno Boeglin, Patrice Chéreau, Jacques Lassalle, Luc Bondy, Georges Lavaudant, Régine Chopinot… De la scène internationale aussi, Kristian Lupa, Michaël Thalheimer…
Au long cours, elle a travaillé notamment avec Stéphane Braunschweig (dont elle a photographié tous les spectacles depuis 30 ans), Bernard Sobel, Sylvain Maurice, Célie Pauthe, Guillaume Vincent et Joël Pommerat depuis 2004. Son goût pour la découverte et les jeunes artistes l’ont amenée à suivre Aurelia Guillet, Anne Monfort, Hedi Tillette de Clermont Tonnerre, et bien d’autres.
Elle a également beaucoup travaillé pour l’art lyrique, notamment à partir de 1998 au Festival d’art lyrique d’Aix en Provence et pendant plus de 10 ans, (elle y a photographié les mises en scène de Peter Brook, Klaus-Michael Grüber, ainsi que les master-classes de l’Académie du Festival, avec Pierre Boulez, Georges Aperghis, Simon Rattle...), ainsi qu’au festival Musica de Strasbourg. Elle a aussi été la photographe attitrée d’importantes institutions théâtrales, les Théâtres Nationaux de Strasbourg, de La Colline et de l’Odéon, les CDN de Gennevilliers, Orléans et Besançon...
Parallèlement, Elisabeth a documenté comme photo-journaliste de nombreux sujets à l'étranger et en France, suivant les travestis indonésiens, brésiliens, napolitains, les adolescents gays sans-abri de Londres, les lesbiennes de Slovénie, les parents gay aux Etats Unis… mais aussi le quotidien de la police moscovite, l'immigration dans le Nord de l’Isère, le Kosovo, Beyrouth, ou encore les vieux-croyants de Sibérie... Ses reportages ont été publiés dans la presse nationale et internationale ou exposés. Une publication de ses travaux par ONUSIDA, sur les militantes et militants d’Act-up aux Etats-Unis, est en cours.
Depuis 2008, pour le CDN de Besançon, elle a photographié toutes les créations de Sylvain Maurice, de Célie Pauthe (La Bête dans la jungle, Un amour impossible, Bérénice, Looking for Oresteia) ainsi que celles des spectacles de Guillaume Delaveau, Claude Duparfait, Marie Fortuit, Sandrine Lanno, Nicolas Laurent, Violaine Schwartz notamment et les ateliers d’UneSaisonEnPartage.